La ludopédagogie : outils performant dans le transfert de connaissance en formation continue

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En économie et surtout en logistique, tout le monde connait le problème du dernier kilomètre. Aujourd’hui, pour Apple par exemple, le coût pour faire transiter un iPhone de l’Apple store à votre poche est bien supérieur que celui du trajet entre l’usine en Chine vers l’Apple store. On constate le même problème en pédagogie. En effet, faire un aller-retour à la librairie pour acheter le dernier livre qui vous intéresse est toujours moins consommateur d’énergie que de faire passer les savoirs du livre dans votre cerveau.

Depuis toujours, l’homme rêve d’une prise à laquelle il pourrait se brancher pour charger les savoirs et compétences dont il aurait besoin. C’est le travail que le controversé Elon Musk essaie de réaliser avec sa solution NeuraLink. L’homme modifié est-il alors la solution au transfert des connaissances ?

Quels sont les moyens pédagogiques à notre disposition qui permettent de transmettre les éléments essentiels et nécessaires à l’évolution des pratiques professionnelles ?

Pour répondre à cette question nous devons réfléchir aux éléments nécessaires à la transmission des connaissances. A mon sens, il y a deux clés, à combiner ensemble pour transmettre le savoir. Ces deux clés sont l’attention et le temps. En effet, il faut que les deux soient combinés car du temps sans attention et vice versa, ne peut permettre le transfert de connaissances. Le problème est que dans notre société, le combat est rude pour obtenir ces deux éléments, la sur-stimulation quotidienne liée à la consommation de médias et la fréquence d’utilisation des réseaux sociaux sont les principaux facteurs qui expliquent la baisse de la durée d’attention disponible. De plus, leurs valeurs sont très élevées. Pour preuve, beaucoup de grandes entreprises basent leur business model sur la vente de votre temps et de votre attention (Google, Facebook…).

Il est alors important de se demander comment gagner ces deux éléments capitaux pour le transfert de savoirs.

Quels sont alors les éléments permettant de maximiser l’attention et le temps lors d’un transfert de connaissances ?

Les émotions au cœur de l’apprentissage

Nous avons longtemps pensé que les émotions et la cognition avaient des localisations et des rôles différents au sein du cerveau. Cependant grâce notamment aux travaux récents d’imagerie cérébrale, il semble que les structures cérébrales liées aux émotions ou à la cognition ne sont pas isolées, et qu’il existe des « ponts » entre ces différentes structures. Les modèles actuels suggèrent donc que les émotions et fonctions cognitives agissent ensemble. Les émotions favorisent donc l’attention, la mémoire de travail, l’encodage, la consolidation mémorielle. Bref, elles sont indissociables d’un processus cognitif d’apprentissage. La grande majorité de vos souvenirs sont liés à une émotion intense. Bien que très efficaces pour le transfert des connaissances, elles posent malgré tout un problème majeur en formation : la subjectivité des émotions. Chaque personne doit être considérée individuellement et de fait prendre en compte les particularités émotionnelles de chaque individu. Pour délivrer alors une formation optimale, celle-ci doit s’adapter au processus émotionnel de chaque apprenant ce qui est très difficile à obtenir.

Le jeu, une affaire sérieuse.

Quelle est la place du jeu comme outil pédagogique en formation ? Le jeu en formation, appelé « ludopédagogie », est pour le cerveau, la façon la plus naturelle d’apprendre. En effet, dans la nature, tous les mammifères apprennent par le jeu. Pourquoi le jeu est alors si efficace ?

Tout d’abord, le jeu encourage une pratique prolongée, assidue, amusante et conviviale. On retrouve dans le jeu, une notion de plaisir, qui devient une motivation intrinsèque que l’on pourrait mettre en opposition avec les motivations extrinsèques des études par exemple, les notes ou les diplômes. Le plaisir génère des émotions positives régulées par l’individu lui-même sans intervention importante du formateur. Elle limite de fait les abandons et captive l’attention.

Un autre intérêt capital du jeu est le nombre de retour qui va être fait à l’apprenant. Dans un système évaluatif classique, l’apprenant répond à la question 1 de son questionnaire sans avoir de correction, puis à la question 2, 3 etc… finit son évaluation. Il rend ensuite son évaluation à l’enseignant pour une correction qu’il récupèrera avec une note dans 15 jours, sans se souvenir de ce qu’étaient les questions posées. Dans un jeu, chaque action a un feedback immédiat avec une conséquence immédiate. L’apprenant peut donc se corriger et réessayer presque instantanément. S’il échoue, l’apprenant est libre de recommencer pour aller plus loin immédiatement. Il y a donc moins de frustration d’échec.

Ainsi, le jeu permet de prendre en compte les différences de rythme entre les élèves, chacun progressant à son rythme d’essai/erreur sans crainte d’être jugé par ses pairs. Il va également favoriser l’interaction entre les différents apprenants en créant des jeux collaboratifs, une compétition par équipe …

Enfin il permet d’offrir des représentations concrètes à certains apprentissages qui peuvent paraitre abstraites ou futiles pour certains apprenants.

Il n’y a pas que des avantages à la ludopédagogie. Tout d’abord, il faut considérer l’importance des contraintes matérielles et logistiques que peut représenter l’utilisation du jeu, numérique ou non en formation. Ensuite de nombreuses études démontrent l’importance du débriefing pour l’acquisition à court et long terme des connaissances ce qui implique que le formateur soit lui-même éclairé sur ces différentes techniques de débriefing.

Pour conclure

Avant d’utiliser les outils ludopédagogiques, Il est important de ne pas confondre la ludopédagogie avec les serious games. Ceux-ci ne représentant qu’un outil de l’éventail que représente cette approche.

Il est également primordial de bien penser la structure du déroulé pédagogique en amont. Cette structure d’enseignement nécessite une réelle évolution dans la réflexion de la conception et de l’animation. En revanche, bien exécutée, elle permet d’augmenter significativement l’implication des stagiaires, mais aussi la pertinence et l’efficacité de la formation.

Je finirai par cette citation de Francois de Closets :